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J'ai 6 ans. Ça fait bientôt 30 ans que j'ai 6 ans.

Christine Guerin • juil. 09, 2021

Crédit : lisa runnels de Pixabay

Une blessure d'enfant peut être un frein dans notre vie, ou bien enrichir notre présent. 

Le refrain d’Alain Souchon s’est imposé dans ma tête. Mais pourquoi avec ces paroles ?
Dès que nous avons commencé à fermer les yeux, à nous concentrer sur notre respiration et sur nos sensations corporelles, ce petit bout de chanson s’est installé dans mon cerveau. Il tourne et ne veut pas sortir.

J’ai 6 ans. Ça fait bientôt 30 ans que j’ai 6 ans.

Je n’avais pas envie de venir à cet atelier “Ecriture hypnotique”. Mais je n’ai pas osé dire non à une vague amie qui voulait que je l’accompagne. L’histoire de ma vie : ne pas oser dire non.
J’ai pourtant beaucoup à faire en ce moment. Tous les bouquins de développement personnel sont d’accord : on commence par faire son tableau de vision puis on se fixe les objectifs de vie.
Je me suis donc bien amusée à dessiner des animaux sur une grande feuille blanche, des arbres, des jolis mots aux couleurs de l’arc-en-ciel. Le résultat était pitoyable : le beau dessin sans queue ni tête d’une enfant de 6 ans.

J’ai 6 ans. Ça fait bientôt 30 ans que j’ai 6 ans.

Ces mêmes livres nous disent ensuite de passer à l’action. J’ai donc vaguement essayé de lancer des projets pour avancer dans mes objectifs : perdre du poids, arrêter de fumer, trouver le prince charmant. Comme si ça existait les princes charmants ! Ma meilleure amie avait cru le trouver. Elle a vécu ce fabuleux rêve de la maternité. Aujourd’hui elle élève seule un bambin braillard.
Elle a même acheté un livre “Parent Solo”. Comme si on apprenait la vie dans les livres. Je l’ai feuilleté pendant qu’elle essayait d’endormir son rejeton dans l’espoir déçu que nous puissions enfin dîner tranquilles. J’y lis : “ une séparation n’est pas forcément synonyme de traumatisme”. C’est ce que se disent tous ces égoïstes qui se fichent de briser le cœur d’un enfant. Pathétique ! J’en sais quelque chose, mon père nous a quittées quand …

J’ai 6 ans. Ça fait bientôt 30 ans que j’ai 6 ans.

Les larmes jaillissent, incontrôlables. Je suffoque, j’ai envie de crier. L’animatrice me tend un mouchoir avec un sourire doux. “Laissez sortir ce qui a besoin de sortir, écouter le message de vos émotions” dit-elle. Elle imagine que ce sont les sornettes qu’elle raconte qui m’ont émue. Elle ne comprend rien à mon problème.

J’ai 6 ans. Ça fait bientôt 30 ans que j’ai 6 ans.

Le livre parlait de la culpabilité et de s’en débarrasser. On pourrait s’auto-pardonner tous ses crimes ? Cela me met en rage !
- Coupable, un père qui se défilait de ses responsabilités et faisait des promesses qu’il ne savait pas tenir.
- Coupable, une mère qui se concentrait sur son malheur et dont il fallait applaudir chaque effort pour qu’elle tienne le coup jusqu’au lendemain.
- Coupable cette petite fille qui ne savait pas rester en place, qui voulait toujours jouer et oubliait d’obéir. Celle qui pleurait à la moindre contrariété. Capricieuse, bavarde, maladroite. Celle qui aurait dû les unir et qui les a séparés. Celle qui devenait une gêne dans cette nouvelle vie qui se construisait pour eux. Quand ils s’énervaient, elle comprenait bien tout ça. Et quand calmés, ils disaient “Tu es belle.”, elle entendait : “On t’aimera si tu fais ce qu’on attend de toi”.

J’ai 6 ans. Ça fait bientôt 30 ans que j’ai 6 ans.

Alors elle a essayé de se faire oublier. Elle a essayé d’être sage et docile, de toute ses forces, disant toujours oui dans l’espoir d’éviter les tempêtes. Elle a bien travaillé à l’école, de toute ses forces, parce que c’est ça qui prouve à un parent qu’il est un bon parent. Elle est allée au bout de ses forces et elle n’a pas réussi. Sa vie est un échec. Ma vie est un échec.
On me glisse un stylo dans la main et il se met à écrire :

“J’ai 6 ans. Ça fait bientôt 30 ans que j’ai 6 ans. ”

Au début, les mots jaillissent comme une nausée trop longtemps refoulée. C’est douloureux d’avoir à ce point la gorge serrée. Et puis peu à peu, ils coulent comme des larmes. Je suis tellement fatiguée.
L’animatrice nous glisse des images bizarres dans la tête. “Décrire le point de vue de chaque personnage”.
Ma mère, hypersensible, qui essayait de faire de son mieux au quotidien.
Mon père, qui ne savait ni remercier, ni encourager mais qui dépensait sans compter dès qu’un objet pouvait me plaire.
Je les observe d’un œil neuf, comme de simples humains qui font de leur mieux. Et ce moi d’alors me semble si petit, si fragile, si perdu. J’ai juste fait ce que je pouvais. C’est à la fois triste et doux.

On me propose maintenant de convoquer un super-héros mentaliste. Il vole au secours de mes personnages. Il leur envoie les ondes dont ils ont besoin : du courage, de l’espoir, de la sagesse, de l’amour. Je les regarde à nouveau. Ils reprennent confiance. Il y a des fous-rire partagés, des cornets de glace qui leur coulent sur les doigts pendant que leurs pieds gigotent sur le sable de la plage, une promenade en barque sous les arbres … Des bras tendus, des câlins, des “Je t’aime”.
Le temps n’existe plus, je me sens juste bien, là où je suis. J’écris :

“J’ai 35 ans.”
L’animatrice me demande si j’ai fini. Et je lui réponds : “Non, je commence.”

Vous pouvez me contacter par messagerie : christine.guerin@zebrelibre.com
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Un mental "En panne" Les clients qui viennent me voir ont souvent le mental “en panne”. Je vais reprendre les mots d’une de mes clientes (mille mercis Véronique Colignon pour ce magnifique témoignage, mon ego en frissonne encore, … mais je m’égare.) Elle écrit : “Au fil des confinements mon moral a vacillé, tangué et presque sombré.” Pour y répondre, on trouve toujours un peu les mêmes conseils : “ Respirez, méditez, faites du sport”. Facile à dire, un peu moins à faire. On lit même parfois : “Comment combattre le stress ?”. A ce propos, je me demande bien comment se mettre en posture de combat — et donc accélérer notre rythme cardiaque — pourrait bien nous aider à trouver le calme avec un cœur apaisé ! Les mécanismes physiologiques Dans le livre “L’erreur de Descartes”, Antonio DAMASIO explique en détail pourquoi les mécanismes physiologiques des émotions sont nécessaires pour déclencher nos décisions et nos actions. Pour piloter sa vie au fil des météos variables, il ne s’agit donc pas de rester constamment en position statique de moine tibétain (sauf si c’est votre objectif), mais plutôt d’apprendre à respecter cet équilibre dynamique complexe d’agitation et de retour au calme. Les trois étapes du chemin Ceux que je rencontre en consultation ont des personnalités uniques, souvent atypiques. Peut-être que la première étape de ce chemin où je les accompagne se situe là : je vois en eux la lumière qu’ils cherchent à l’extérieur et je respecte leur part d’ombre. Mon cabinet devient un endroit de sécurité où on peut se permettre d’être soi. J’allais dire où on peut tomber les masques, mais non, pandémie oblige, on les garde. La deuxième étape du chemin fait souvent ressortir des contradictions internes, des blocages, des blessures. Il y a beaucoup de méthodes efficaces pour apprivoiser ces monstres qui rugissent à l’intérieur et les transformer en alliés. Je puise bien sûr dans celles pour lesquelles je suis formée et certifiée : mouvements oculaires, hypnose, coaching. Les récentes avancées en neurosciences, en thérapies brèves et en sciences cognitives sont également des sources importantes pour que chacun comprenne son propre fonctionnement. L’important est que chacun explore ce qui lui correspond et lui permet d’avancer. La troisième étape consiste à rêver. Rêver ses objectifs pour les rendre concrets, rêver les ressources dont on a besoin pour les faire apparaitre en soi, rêver ses émotions utiles pour trouver la sérénité et celles pour se mettre en mouvement. Si cette troisième étape vous paraît surprenante, vous pouvez observer un champion “répéter dans sa tête”, juste avant une épreuve sportive. Elle lui permet de se mettre en action avec fluidité et avec le bon niveau de stress. Lorsqu’il a terminé, vous pouvez l’observer également revenir au calme et recharger ses batteries. Ce genre d’accompagnement ne remplace évidemment pas un suivi médical. C’est assez bien compris dans le domaine du sport de haut niveau : le médecin sportif gère la santé et le coach, la préparation mentale. Tenter cette expérience Souhaitez-vous comme le dirait ma cliente être accompagné(e) pour “vous retrouver, en plus apaisé(e), mais avec une vraie détermination. “ ? Voulez-vous faire cette expérience et reprendre la direction de votre vie ? Contactez-moi par messagerie : christine.guerin@zebrelibre.com
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